Atelier poterie à Cayenne

En juin 2024, l’Association GADEPAM a organisé un atelier de poterie à destination des femmes. Il était animé par Malilu Opoya, l’une des dernières potières Wayana.
10 femmes ont pu apprendre ce savoir-faire plurimillénaire régi par des principes strictes et soutenu par un mythe fondateur.
Dans le village de Taluen, Malilu et Linia Opoya sont les deux dernières potières traditionnelles. Elles tentent de sauver ce savoir avant qu’il ne soit trop tard.

Atelier poterie à Antécume-Pata

Du 25 au 29 février 2024, De la Mère à la Terre, Nomade Aventure et l’association Gadepam s’associaient afin d’organiser un nouvel atelier de transmission du savoir de la poterie à Antécume-Pata, en Guyane.

Malilu Opoya lisse sa poterie lors d’un atelier © Adrien Valet

Il y a une quinzaine de jours, Malilu Opoya donnait son premier atelier de transmission à Antécume-Pata, en Guyane. À une heure de pirogue du petit village de Taluen d’où elle vient, elle a partagé son savoir de la poterie avec un groupes de femmes réuni pour l’occasion. Malilu et sa fille Linia sont les deux dernières potières de leur village et elles souhaitent raviver l’intêret des jeunes pour ce savoir ancestral en voie de disparition.

La céramique est présente dans les objets de la vie quotidienne et des rituels en Amazonie depuis 7 600 ans. Dans la communauté wayana, les poteries décorées découlent d’une longue tradition féminine. Mais dans des conditions rendues difficiles par l’orpaillage illégal, l’argile est de plus en plus inaccessible. Pourtant, les deux femmes ont bien conscience de l’importance de la transmission de leur savoir.

Malilu Opoya a donc dévoilé ses secrets de potière à 10 apprenti·e·s de 8 ans à 76 ans, dont un petit garçon de 10 ans, dans le village wayana d’Antécume-Pata. Pendant 5 jours d’ateliers, du dimanche 25 février au jeudi 29 février, il et elles ont pu (re)découvrir le modelage et le lissage de l’argile, les décorations traditionnelles, la réalisation du vernis à base d’écorce d’apulukun et la longue cuisson des poteries.

L’atelier d’Antécume-Pata a eu lieu fin février 2024 © Marie Fleury

Cette fois-ci la cuisson au feu de bois s’est bien déroulée et il y a eu moins de casse qu’au dernier atelier de Taluen. L’association Gadepam qui valorise les savoir-faire traditionnels via son circuit de commercialisation social et solidaire a acheté les poteries des deux potières les plus expérimentées. Les autres ont gardé leur production pour s’en servir dans leur vie quotidienne.

Des ateliers pour les écoliers

De son côté, Linia Opoya, l’une des filles de Malilu, a commencé à dispenser des ateliers de transmission de poterie aux enfants de l’école de Taluen. Dans le petit village amérindien de 300 habitants, elle essaie de donner un nouveau souffle à ce savoir ancestral et pourquoi pas de révéler l’envie d’être potier ou potière dès le plus jeune âge.

Le film sur la poterie wayana réalisé par De la Mère à la Terre en Outre-mer est à retrouver ici.

Les enfants de l’école de Taluen apprennent la poterie © Linia Opoya

Les artistes Keywa et Yuu Henri à la soirée De la Mère à la Terre

De la mère à la Terre en Outre-mer a organisé sa soirée de lancement le 27 novembre 2023 à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris. Les artistes guyanaises Keywa et Yuu Henri ont créé une performance pour l’occasion.

La poétesse Yuu Henri a écrit un poème pour le lancement du nouveau projet de l’association En Terre Indigène : De la Mère à la Terre en Outre-mer. Accompagnée par une création visuelle de sa sœur Keywa Henri, Yuu a récité son poème à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris le 27 novembre 2023. Les artistes guyanaises se sont intéressés à la femme amérindienne de Guyane.

Dans la forêt amazonienne, qui couvre 96% du territoire de la Guyane, vivent quelques centaines d’amérindiennes. Elles entretiennent avec la forêt une relation intime, presque sacrée. Elle leur rappelle qui elles sont. La forêt transmet à leurs enfants leur vision du monde et elle subvient à leurs besoins.

Présente dans les objets de la vie quotidienne et des rituels en Amazonie depuis 7 600 ans, la céramique est un art entièrement issu de la nature. C’est de la forêt que les femmes rapportent l’argile, la calebasse, le bois ou l’écorce d’apulukun pour le vernis. De génération en génération, les femmes wayanas répètent les mêmes gestes jusqu’à ce que la poterie soit parfaite. Si ce savoir disparaissait, ce serait la disparition d’une partie de l’identité Wayana.

Peu à peu, le mode de vie et l’éducation modernes ont éloigné les jeunes de leurs traditions. Une menace pèse aussi sur l’environnement : l’orpaillage illégal. Depuis plus de 30 ans, des centaines de tonnes du mercure utilisé pour traiter l’or ont été rejetées dans la nature polluant les cours d’eau, la faune et la flore. C’est une véritable catastrophe écologique dont sont victimes les amérindiens qui vivent le long du fleuve Maroni.

Dans le village de Taluen, à trois heures de pirogue de la commune de Maripasoula. Les 300 habitants vivent de chasse, de pêche, d’agriculture et d’artisanat. La famille Opoya se bat pour préserver les savoir-faire ancestraux du village créé par leur grand-père il y a quelques décennies. Malilu et Linia Opoya sont les deux dernières potières de la commune. Une histoire à découvrir dans le film consacré à la poterie wayana bientôt en intégralité sur le site De la Mère à la Terre.